L'éducation en Centrafrique : une question de salut public

Publié le par CENTRAFRIQUE EN LIGNE

 

"Les racines de l'éducation sont amères, mais les fruits sont doux" (Aristote). Avec seulement 1,8% du PIB investi dans l'éducation, la République Centrafricaine fait figure de mauvais élève dans la cour des pays africains. A tous les niveaux, le constat est inquiétant et demande des solutions immédiates, concrètes. Seulement 7 % des élèves scolarisés dans le primaire arrivent à finir le cursus secondaire et à obtenir leur baccalauréat, selon un rapport publié par l'UNESCO. Quant au secteur de l'enseignement supérieur, peu de signes encourageants sont à noter pour le moment. Une seule université, celle de Bangui, tente tant bien que mal d'absorber le flux d'étudiants et de leur fournir un enseignement de qualité, malgré l'absence de moyens financiers. Les formations en anglais sont chaque année de plus en plus nombreuses, pour préparer les centrafricains à travailler à l'international.

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Pour les étudiants, ce n'est toutefois pas suffisant et la colère gronde dans leurs rangs pour presser le gouvernement de mettre un terme à cette situation intenable. A plusieurs reprises déjà, ils sont descendus dans la rue pour exprimer leur mécontentement. D'autre part, face aux carences de l'université publique, les instituts privés fleurissent dans les quatre coins de la capitale. Problème de taille : elles exigent souvent des frais de scolarité élevés (jusqu'à 30.000 Francs CFA par mois), qu'une minorité de familles seulement est en mesure de supporter. Les meilleurs enseignants y exercent, séduits par l'attractivité des salaires du secteur privé (parfois le double de celui du secteur public).

 

Plus encore, la République Centrafricaine ne peut miser sur la formation de leur diaspora, comme le font des pays comme le Sénégal et le Mali. En effet, chaque année, seulement une grosse cinquantaine de jeunes centrafricains mènent à leur terme un cycle d'études supérieures en France. C'est près de dix fois moins que les étudiants congolais ou gabonais, qui, il faut bien le reconnaître, bénéficient d'un soutien financier de la part de leur Etat durant leurs études. Du côté centrafricain, les bourses sont attribuées au compte-gouttes et de façon très irrégulière. Le gouvernement centrafricain, dirigé par l'ancien recteur de l'université de Bangui Faustin-Archange Touadéra, a très bien pris conscience de ce problème. C'est ainsi que, lors du dernier remaniement ministériel, le Ministère de l'Education a été éclaté en trois départements distincts les uns des autres, pour plus d'efficacité. Les attributions de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ont été confiées au très compétent Willybiro Sacko tandis que celles de l'Enseignement Technique et de l'Enseignement Primaire, Secondaire et de l'Alphabétisation sont respectivement octroyées à Djibrine Sall et Gisèle Annie Nam.

 

Mais que faire pour remédier en profondeur au mal-être de l'éducation nationale qui menacent l'avenir de nos enfants ? Il faut tout d'abord « mettre les moyens ». Sur la pyramide de Maslow, l'éducation est un des besoins prioritaires de l'Homme après se nourrir, se soigner et se reproduire. L'éducation se pose également comme la condition sine qua non de l'avénement d'une démocratie parfaite en République Centrafricaine et conditionne tout développement à long terme. L'amélioration des salaires des enseignants, le perfectionnement de leur formation, la construction et la rénovation d'écoles, l'octroi de matériel scolaire aux enfants défavorisés, l'augmentation du nombre et du montant des bourses, la signature de partenariats avec des universités étrangères... Toutes ces idées sont autant de mesure qu'ils conviendrait de mettre en oeuvre pour voir la République Centrafricaine devenir une terre de savoir et succinctement, d'espérance.  

 

Sara Pendéré 

Rédaction Centrafrique En Ligne

Publié dans EDITORIAL

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N
je remercie votre volonté ...
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